vendredi 30 avril 2010

Histoire dela Transylvanie

La Transylvanie était
un nom familier depuis toujours. Elle était
l'essence et le symbole même de l'étrangeté
sylvestre, à moitié mythique ; surplace, elle
semblait encore plus secrète et lourde de charmes. »
Ces lignes sontde Patrick Leigh Fermer, qui traversa à
pied ces contrées en 1934 : l'Empire austro-
hongrois n'était plus qu'un récent souvenir,
la Transylvanie était roumaine depuis 1918 et
personne n'imaginait les horreurs à venir.
Un miracle s'est il produit? Villes et villa-
ges ont retrouvé les couleurs qu'ils n'auraient
jamais dû perdre, tandis que s'activent dans
les campagnes autant de chevaux de trait
que de tracteurs.

Brasov s'offre avec tous les atours d'une
belle ville médiévale. Dans un entresol en-
combré, Thomas Sindilariu trie et enrichit
inlassablement les archives de l'église Noire
voisine, massif édifice gothique orné de
précieux tapis orientaux. L'église, comme le
reste de la vieille ville, autrefois Kronstadt, a
été bâtie par les Saxons, des colons d'origine
germanique installés dès le XII" siècle par
la couronne de Hongrie pour défendre et
enrichir les marches de son royaume. Ils sont
luthériens depuis la Réforme. Pour notre
archiviste, d'origine saxonne par sa mère et
roumaine par son père, la sauvegarde de cet
héritage est avant tout un choix qui dépasse
les intérêts de sa seule communauté, l'im-
brication savante des cultures étant à ses
yeux la plus grande richesse de la région.
Valer Rus, lui aussi passionné, jeune et
barbu, tient un discours similaire. d'origine
hongroise par sa mère et roumaine par son
père, il est conservateur du musée Mureseni-
lor, du nom d'une famille qui s'impliqua dès
le XIX' siècle dans le combat pour les droits
de la population roumaine de Transylvanie,
alors possession hongroise.

Ici, l'histoire se lit encore à livre ouvert, et en
trois langues qui plus est : le roumain, l'alle-
mand et le hongrois. En s'éloignant des cimes
des Carpates, les routes qui mènent à l'or-
gueilleuse citadelle de Sighisoara traversent
les campagnes boisées et vallonnées de
l'ancien pays saxon. Sagement ordonnées les
unes contre les autres, les fermes à hauts pi-
gnons colorés, porches et toits de tuiles, ont
l'air frêles tant sont massives les silhouettes
blanches des églises gothiques bardées de
remparts et de tours. Dès leur installation,
les coloris avaient eu affaire à toutes sortes
d'envahisseurs terrifiants. Les Coumans,
d'abord - il fallut l'aide des chevaliers Teuto-
niques pour en venir à bout -, puis les Tatars.
Quand vinrent les Turcs, les églises s'étaient
déjà muées en d'énormes ruches truffées de
recoins et de greniers. Dans les villages oubliés,
seul le passage des charrettes à cheval vient
troubler la paix des arbres fruitiers. Si Viscri
est le plus connu d'entre eux, ille doit à Caro-
line Fernolend, l'ancienne institutrice deve-
nue maire. Tandis que la plupart des familles
saxonnes émigraient en Allemagne, elle re-
mua ciel et terre pour trouver les fonds néces-
saires à la sauvegarde des fermes et fit tant et
si bien que l'on vient maintenant du monde
entier dormir dans les lits-tiroirs des dix mai-
sons d'hôtes amoureusement rénovées !

A Sibiu il y a, dans la collection Brukenthal,
legs précieux d'un gouverneur autrichien à la
ville qu'il aimait, un grand panneau de reta-
ble : un Christ en croix devant une citadelle,
au pied duquel gisent dix martyrs transper-
cés aux visages sereins malgré l'atrocité du
supplice : il fallut deux siècles aux Ottomans
pour passer les montagnes défendues avec
ardeur par leurs habitants. Sibiu était alors
connue à Istanbul comme « la Ville rouge »,
de la couleur de ses triples remparts de bri-
ques qu'aucun siège ne parvint à réduire. De
promenades ombragées de tilleuls en grandes
places ornées d'impeccables façades baro-
ques, avec le philharmonique où jouèrent
Liszt, Brahms et Strauss, son grand hôtel à la
mode du XIXe siècle, ses terrasses et ses cafés,
l'ancienne Hermannstadt a toujours la belle
allure que lui donnèrent ses bienfaiteurs à
l'époque de l'impératrice Marie-Thérèse.
De tout temps, les montagnes furent le do-
maine des bergers roumains, qui luttèrent
avec pugnacité pour conserver leur foi ortho-
doxe comme en témoigne, à Sibiel, l'émou-
vant musée des Icônes paysannes peintes
sur verre. Qui dit berger, dit loups et ours :
les Carpates roumaines hébergent la plus
grande population de fauves d'Europe. Soit
6 0OO ours et 3 0OO loups. « Ç 'est un mode de
vie : fours et le loup en font partie. » Nous som-
mes de l'autre côté des monts Fagaras, dans
le parc national de Piatra Craiului, en com-
pagnie de Dan Marin. Cet ancien ouvrier de-
venu guide naturaliste emmène les passion-
places ornées d'impeccables façades baro-
ques, avec le philharmonique où jouèrent
Liszt, Brahms et Strauss, son grand hôtel à la
mode du XIXe siècle, ses terrasses et ses cafés,
l'ancienne Hermannstadt a toujours la belle
allure que lui donnèrent ses bienfaiteurs à
l'époque de l'impératrice Marie-Thérèse.

De tout temps, les montagnes furent le do-
maine des bergers roumains, qui luttèrent
avec pugnacité pour conserver leur foi ortho-
doxe comme en témoigne, à Sibiel, l'émou-
vant musée des Icônes paysannes peintes
sur verre. Qui dit berger, dit loups et ours :
les Carpates roumaines hébergent la plus
grande population de fauves d'Europe. Soit
6 0OO ours et 3 0OO loups. « Ç 'est un mode de
vie : l'ours et le loup en font partie. » Nous som-
mes de l'autre côté des monts Fagaras, dans
le parc national de Piatra Craiului, en com-
pagnie de Dan Marin. Cet ancien ouvrier de-
venu guide naturaliste emmène les passion-
nés guetter les ours jusque dans leurs coins
de forêt les plus secrets. A l'ouest, les collines
coiffées de bosquets et de bergeries descen-
dent vers un étroit défilé sur lequel veille le
château de Bran. L'endroit, qui attire le cha-
land frissonnant depuis qu'un certain Bram
Stoker, écrivain irlandais, en a fait le cadre de
son Dracula (paru en 1897), est plus propice
au boutiquier qu'au flâneur.

Des hauteurs du village de Magura, nous
regardons les monts Bucegi encore enneigés
se colorer au soleil tombant. Dan l'affirme :
pas la moindre chauve-souris dans les lé-
gendes locales, pourtant fort riches en loups-
garous et en fantômes. L'important étant,
avec ces derniers, de les identifier à coup
sûr : le fantôme mort est inoffensif, mais son
homologue vivant, certes plus rare, est re-
doutable. Même la tsuica, la douce eau-de-vie
distillée dans les fermes, ne suffit pas à le
conjurer.

Vous avez envie de voyager en Roumanie? Cliquez iciVotre billet d'avion au meilleur prix : notre comparateur de vols

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire